art. 146, janvier 2013 • Henri Godard : «Des écrits sur l’art des années vingt à ceux des années cinquante» (PAM n° 2, 2001-2002)

Pourquoi faire retour sur les textes sur l’art des années vingt qui, au premier abord, peuvent paraître mineurs au regard des Voix du silence ou de La Métamorphose des Dieux ? Parce qu’y vibrent la passion et l’attention portées par Malraux à la peinture de son temps, à la peinture en train de se faire sans lesquelles les sommes d’après-guerre demeureraient privées d’une dimension; parce que s’y exerce déjà la sûreté d’un oeil et d’une pensée qui achèvent de légitimer la vaste entreprise qui leur succède.



Quand on parle des écrits sur l’art de Malraux, on pense presque toujours à la série des livres dont la publication s’est étalée sur une trentaine d’années, de 1947 à 1977, et particulièrement concentrée dans les années cinquante qui ont vu paraître Les Voix du silence, les trois volumes du Musée imaginaire de la sculpture mondiale, et le premier tome de La Métamorphose des dieux. Ces beaux et imposants volumes traitent d’oeuvres majeures de l’art universel pour montrer la portée de l’expérience que nous faisons d’elles : oeuvres qui nous viennent d’un passé vieux de siècles ou de millénaires, et qui pourtant ont pour nous une présence, en vertu de la métamorphose spontanée que nous faisons subir à leur sens initial. Cette présence, expérience existentielle fondamentale, nous assure à la fois d’une identité de l’espèce humaine tout au long de son histoire et du pouvoir qu’elle a d’arracher quelque chose au temps.

Or Malraux avait commencé à écrire sur les arts plastiques dès les années vingt, et pour parler d’artistes contemporains: textes courts, peu connus du grand public parce qu’ils ont été publiés en revue et reproduits par la suite dans des publications à diffusion restreinte, mais d’une grande importance. En attendant qu’ils soient repris dans le premier volume en préparation des Ecrits sur l’art dans la Bibliothèque de la Pléiade, on trouvera évoqués ici dans plusieurs articles de ce dossier ceux qui sont consacrés au peintre et graveur Galanis, à Rouault et à Fautrier. Leur importance ne tient pas seulement à ce qu'ils attestent la précocité et la continuité d’une pensée, mais encore à l’incidence qu’ils ont sur les livres publiés trente ans plus tard. Ils restituent une dimension que ces livres risquent d’occulter mais qui est essentielle à leur compréhension : la passion de Malraux pour la peinture de son temps.

 

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© www.malraux.org / Présence d’André Malraux sur la Toile

Texte mis en ligne le 1er janvier 2013

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