art. 201, avril 2018 • François Boulet : «André Malraux et Saint-Germain-en-Laye» (pam, hs2, 2007 et 2018)

François Boulet

                                                                                                         

André Malraux et Saint-Germain-en-Laye

 

Introduction

Les Amis du Vieux Saint-Germain constituent une Société d’Art et d’Histoire. Or pour tout le XXe siècle, nous pouvons nous demander si l’Art ne peut pas être symbolisé par l’œuvre intellectuelle d’André Malraux.

Au carrefour de la pensée et de la cité de Saint-Germain-en-Laye, la place entre l’église, le château, le théâtre et la bibliothèque, porte le nom d’André Malraux depuis 1977.

Cette rencontre du génie, du Penseur, mérite réflexion à l’échelle locale comme à celle plus ample du rôle de la France au siècle dernier.

Cette réflexion, je l’engage à travers les archives, inédites, locales, départementales et nationales, que nous pouvons maintenant consulter mais aussi à travers la lecture la plus complète qui soit de l’œuvre malrucienne. L’engagement de notre travail permettra de mieux comprendre le sens culturel de cette rencontre historique et symbolique, présent dans la géographie quotidienne du centre-ville, à côté de la place Charles de Gaulle : je vous invite donc à une redécouverte de notre vie quotidienne à travers les lumières de ces « amis », qui, même morts, nous font redécouvrir la vie, selon l’expression du député-maire Michel Péricard.

 

  1. De la bibliothèque municipale au Musée imaginaire de Saint-Germain (1920-1958)

André Malraux naît à la rue Damrémont à Montmartre dans le XVIIIe arrondissement de Paris, le 3 novembre 1901. Le jeune écrivain André Malraux, brillant et prometteur, qui pour le moins dérange le monde des intellectuels, en France et à l’étranger, à travers au moins six ouvrages romancés publiés : La Tentation de l’Occident (juillet 1926), Les Conquérants (mars 1928), La Voie royale (décembre 1930), La Condition humaine (juin 1933 – Prix Goncourt le 1er décembre 1933), Le Temps du mépris (1935), l’Espoir (1937).

Si, à la bibliothèque municipale, nous consultons le fichier ancien, nous retrouvons les œuvres engagées d’avant-guerre d’André Malraux. Nous trouvons la première édition des ouvrages La Tentation de l’Occident, Les Conquérants, L’Espoir – avec une note manuscrite « 5e exemplaire » ; La Voie royale n’apparaît pas; quant aux autres romans La Condition humaine et Le Temps du mépris, ils n’existent que sous la forme de leur édition d’après-guerre, respectivement 1946 et 1945. Pourquoi ? Nous avons la réponse. En fait, ces œuvres, pétries pour de Gaulle dans la germanophobie, et pour André Malraux, dans les épreuves révolutionnaires du compagnonnage de route communiste et antifasciste, venu d’Indochine, de Chine, de la guerre d’Espagne, ou dans l’Allemagne d’Hitler, subissent une importante censure pendant l’Occupation allemande. Les listes Bernhard et Otto, la convention sur la censure des livres, entre les éditeurs français et les autorités allemandes, exigent que les bibliothèques se débarrassent de La Condition humaine et du Temps du Mépris.

 

Lire le texte : télécharger l’article.

© malraux.org