art. 211, mai 2018 | document • Stanislas Ostroróg : «2500e anniversaire du Bouddha» (1956)

Présence d'André Malraux sur la Toile, article 211, mai 2018

Revue littéraire et électronique de <www.malraux.org> / ISSN 2297-699X

 


 

 

Stanislas Ostroróg

 

2.500e anniversaire du Bouddha

 

Plus assurée que les indianistes, qui discutent encore des dates où naquit et mourut le Bouddha, l'Inde célèbre cette année le 2.500e anniversaire de ce sage.

Le bouddhisme, après avoir conquis une partie de l'Asie, a presqu'entièrement disparu de l'Inde où il ne compte guère maintenant que 250.000 adeptes environ. Cet anniversaire eût donc pu passer presque inaperçu si le gouvernement indien n'avait voulu, pour des raisons étrangères à la doctrine bouddhique, le faire célébrer de manière éclatante. Une commission, présidée par le Dr S. Radhakrishnan, vice-président de l'Inde et ancien professeur de philosophie indienne à Oxford, fut chargée d'établir le programme de ces fêtes commémoratives qui dureront pendant six mois.

La tradition affirme que c'est pendant la nuit de la pleine lune du mois de vaisakh, qui se levait cette année le 23 mai, que Sakyamuni est né, qu'il a atteint l'Illumination qui fit de lui le Bouddha, et qu'à l'âge de quatre-vingts ans il est entré dans le parinirvâna. C'est donc ce jour-là qu'ont commencé les célébrations.

Elles furent inaugurées officiellement à Delhi lorsque le Premier Ministre posa la première pierre d'un monument au Bouddha qui s'élèvera dans un parc que l'on plantera prochainement à la limite ouest de la ville. Au même moment, dans le temple bouddhiste de Delhi avait lieu une réunion publique présidée par le speaker du Parlement indien. Après avoir entendu psalmodier des passages des Ecritures bouddhiques, plusieurs personnalités indiennes et étrangères prirent la parole pour célébrer la valeur actuelle du message du Bouddha. J'y assistai et m'associai par une brève allocution à l'hommage rendu au fondateur du bouddhisme.

Le soir du même jour, le Président de la République, dans une causerie radiodiffusée, soulignait à son tour l'actualité de l'enseignement du Bouddha et disait que la coexistence pacifique qu'il avait prêchée il y a plus de deux millénaires est la seule possibilité ouverte au monde d'aujourd'hui s'il veut éviter des guerres destructives et la misère qui en résulterait.

Le 24 mai, qui avait été déclaré jour férié, fut marqué par la publication et la remise officielle au Président de la République, d'un volume d'études sur le bouddhisme, préparé par le ministère de l'Information et par une émission de deux timbres-poste commémoratifs. Cependant, dans tous les endroits où le Bouddha avait passé un moment de son existence terrestre, à Lumbini où il naquit, à Bodhgaya où il conquit l'Illumination, à Sarnath où il mit en mouvement la «roue de la Loi», à Kushinagar où il mourut, ainsi que dans les autres grands lieux de pèlerinage bouddhique comme Sanchi et Nalanda, des pèlerins venus de différents points de l'Inde et, plus encore, des pays voisins, Tibet, Ceylan, Birmanie, Etats d'Indochine, se pressaient dans les temples et apportaient leurs offrandes. Dans plusieurs grandes villes, des personnalités politiques faisaient des discours, marquant ainsi l'intérêt porté à cet anniversaire par les pouvoirs publics et par le parti du Congrès.

 

Lire la suite : télécharger le texte.

 

ostrorog2