art. 127, avril 2012 • Document | Josef Strzygowski : «Les stucs afghans de la collection de la N.R.F» (1931) – traduction française inédite

En 1931, au moment où l’exposition d’objets gréco-bouddhiques ramenés du Gandhara par Malraux est montée à New York, l’historien de l’art autrichien Josef Strzygowski publie en anglais un étude de quelques-unes de ces pièces et tente d’en établir les caractéristiques esthétiques et culturelles.

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En 1873, l'Exposition Universelle de Vienne accueille pour la première fois en Europe des œuvres d'art issues de la région comprise entre la mer Caspienne, la mer d'Aral et les sources de l'Indus. De nature hybride, ces œuvres mélangent des caractéristiques de l'art grec et de l'art indien. Compte tenu de leur style particulier, ces œuvres sont d'abord désignées sous le nom d'art gréco-bouddhique lors de l'Exposition, et par la suite dénommées également art du Gandhara. Depuis sa première apparition à Vienne en 1873, cet art s'est fait une place dans tous les musées européens. D'innombrables vestiges ont survécu jusqu'à nos jours, notamment grâce à leur composition en ardoise noire, matériau très résistant aux intempéries. En premier lieu, il a été  suggéré que la genèse de ces œuvres provient de la proximité entre le lieu de leur découverte et la Bactriane, qui fut jadis le centre de l'art grec en Asie occidentale. Selon une hypothèse, les Indo-Scythes de l'Afghanistan et de la vallée de l'Oxus – fondateurs du bouddhisme Mahayana et habitants d'un pays limitrophe de l'Inde – ont puisé dans l'art hellénistique de la Bactriane les formes plastiques par lesquelles ils expriment des thèmes indiens.

Néanmoins, depuis 1873, de remarquables découvertes ont été faites dans les régions bordant le Turkestan oriental [Xinjiang], plus particulièrement dans le bassin du Tarim. Ces découvertes eurent lieu dans les centres artistiques de Turfan, au nord, et de Khotan, au sud. Les plus précieux témoignages de l'art de ces régions sont les temples et les stûpas richement ornés de peintures et de sculptures. Ceux-ci sont le fruit d'une activité artistique continue de la part des bouddhistes mahayanistes, mais différents de l'art du Gandhara non seulement du point de vue de la chronologie – ils furent réalisés plus tard – mais aussi par la présence de certains traits stylistiques qui manquent à l'art gréco-bouddhique. Certaines de ces caractéristiques sont autochtones et témoignent de la survivance d'une forme d'art antérieure tenant à la fois du style architectural de la tente et de la construction en brique crue. Cependant, au vu de l'abondance d'éléments chinois contenus dans ces œuvres, nous sommes presque tenus de classer l'art du bassin du Tarim parmi les styles artistiques de l'Extrême-Orient et non pas parmi ceux de l'Asie du sud.

Pour lire la suite : télécharger la traduction de Sonia Menoud (2012).

Pour voir les illustrations : art. 235, 2019.