Image of «Combat», 9 avril 1959, p. 1 et 10. «La Maison de Molière a son “tournant Ve République” M. André Malraux expose aujourd'hui son plan sur l'avenir de la Comédie-Française. 1. Le doyen Maurice Escande nommé administrateur intérimaire a quitté Oran pour Paris la nuit dernière. 2. A côté d'un «mécontentement de Gaulle» existe-t-il un «mécontentement Pinay» ? 3. Nouvel échange de lettres Malraux-Descaves.»

«Combat», 9 avril 1959, p. 1 et 10. «La Maison de Molière a son “tournant Ve République” M. André Malraux expose aujourd'hui son plan sur l'avenir de la Comédie-Française. 1. Le doyen Maurice Escande nommé administrateur intérimaire a quitté Oran pour Paris la nuit dernière. 2. A côté d'un «mécontentement de Gaulle» existe-t-il un «mécontentement Pinay» ? 3. Nouvel échange de lettres Malraux-Descaves.»

Combat, 9 avril 1959, p. 1 et 10.

 

La Maison de Molière a son «tournant Ve République»

André Malraux expose aujourd'hui son plan sur l'avenir de la Comédie-Française.

  • Le doyen Maurice Escande nommé administrateur intérimaire a quitté Oran pour Paris la nuit dernière.
  • A côté d'un «mécontentement de Gaulle» existe-t-il un «mécontentement Pinay» ?
  • Nouvel échange de lettres Malraux-Descaves.

 

Remous et ressacs continuent d'agiter les deux grands vaisseaux de la Comédie-Française enveloppés depuis quelques jours par la «tempête du plan Malraux».

Hier, le Conseil des ministres s'est réuni pour décider de l'avenir de ces projets. Aujourd'hui même, au cours d'une importante conférence de presse, et en présence de son secrétaire général, Jacques Jaujard, le ministre va en exposer pour la première fois la quadruple économie administrative, politique, financière et esthétique.

Ne confiait-il pas, l'autre jour, à Combat qu'il entendait «sauver Racine» ? Et ce qu'il faudra bien appeler demain «l'Affaire Racine» n'accumule-t-il pas déjà, à l'horizon théâtral de la Ve République, ses premiers gros nuages doctrinaux, passionnels et… statistiques ?

Dans le climat d'attente agitée qui règne dans les couloirs de la rue de Richelieu, on n'aura pas été long, en tout cas, à enregistrer le glacial mécontentement du général de Gaulle. Le président de la République n'a nullement goûté, en effet, que les comédiens-français se soient adressés directement à lui et au chef du gouvernement sans passer par «leur» ministre et même en laissant M. André Malraux ignorer totalement le contenu, et jusqu'à l'existence de leur missive aux deux premiers personnages de l'Etat.

Les comédiens-français risquent d'attendre longtemps – ou plutôt toujours – la réponse du général de Gaulle, qui ne viendra jamais. Les comédiens-français constituent, certes, une société privée, aux termes des statuts napoléoniens qui continuent de les régenter. Mais cette société privée reçoit chaque année un demi-milliard de l'Etat. La main invisible du ministre des Finances vient «doubler» la main de chaque spectateur qui achète sa place d'orchestre ou d'amphithéâtre. Le chef de l'Etat y puise donc le droit (administrativement et juridiquement parlant) de les traiter en fonctionnaires révoltés. Mais comment traiter des fonctionnaires «révoltés» lorsque ces «fonctionnaires» sont les premiers comédiens de France et les plus prestigieux ambassadeurs de la culture française à travers le monde ?


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