André Malraux, «[Intervention au Sénat, séance du 3 juillet 1962]», réponse à la question orale de M. Bordeneuve sur l'aide aux créateurs d'art non salariés. Journal officiel de la République française. Débats parlementaires. Sénat [Paris], n° 24 S, 4 juillet 1962, p. 652-654.
André Malraux
Sénat – Séance du 3 juillet 1962
(Aide aux artistes)
Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, le débat d'aujourd'hui a, comme l'a dit M. Bordeneuve, un caractère assez étrange. D'une part, c'est un débat émouvant et, à quelques égards, dramatique si nous pensons à ceux que nous devons aider. D'autre part, c'est un débat extrêmement technique; mais vous savez que nous sommes tous d'accord pour aboutir au résultat que vous souhaitez et j'espère que le Gouvernement aboutira.
Pourtant, je rappelle à M. Bordeneuve que les obstacles que je rencontre, il les a connus, puisque tout cela a son action pour origine. Les retards, il les a connus. Nous pouvons les résumer très simplement. Trois ministères sont en présence et il n'est pas facile de trouver un terrain d'entente, non pas parce que les ministres sont personnellement en désaccord – jamais le ministre des finances ou le ministre du travail ne m'a dit qu'il ne voulait pas que les vieux artistes soient secourus – mais parce que les services, eux, diffèrent sur les méthodes de travail. Je ferai ici une brève incidente pour dire très amicalement à M. Bordeneuve qu'il n'y a pas eu, du moins depuis mon arrivée, d'accord avec le ministère du travail. Celui-ci a, au contraire, marqué une certaine opposition à l'organisation que vous aviez proposée et qu'à mon tour je proposais après vous.
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