Dans un entretien avec André Suarès, Malraux a rappelé à son interlocuteur qu’il a «été formé par le christianisme, [qu’il] a eu la foi jusqu’à seize ans, [et que] le christianisme a pour [lui], une réalité que le bouddhisme, malgré la connaissance qu'[il] en a, n’atteint pas». Et Bien qu’il affirme avoir perdu la foi, Malraux blessé en 1944, réclame l’Evangile selon saint Jean. Et dans sa mémoire, les paroles de Jean et celles du Christ s’élèvent souvent comme une psalmodie.
Dans Lazare, titre à la résonance profondément évangélique, l’auteur associe ce qu’il croit être sa mort à l’agonie du Christ et se souvient du «Lama Sabachtani» de Marc, déjà cité dans Les Voix du silence. En outre, face au général de Gaulle, Malraux se définit comme «un agnostique ami du Christianisme». C’est sans doute dans le sens fort qu’il emploie ce mot d’«ami». Car quoi qu’il dise, il n’y a pas une «foi» avec laquelle Malraux vibre et dont l’imaginaire résonne profondément en lui autant que le christianisme.