art. 66, décembre 2009 • Moncef Khémiri : «Marcel Arland et André Malraux : un demi-siècle d’amitié» (2004)

S'il n'était pas doué pour le bonheur – nous serions même tentés dire qu'il avait la vocation du malheur – Marcel Arland avait, par contre, le don de l'amitié. Grâce à sa capacité de comprendre les autres sans les juger, à son sens de la relativité des valeurs et à ses qualités de moraliste ouvert et lucide, il a pu fréquenter des hommes aussi différents que Paulhan, Malraux, Pierre Drieu la Rochelle, Schlumberger ou Jacques Chardonne et entretenir avec eux des relations d'estime, voire d'amitié. Les relations amicales qu'il a pu tisser avec des hommes aussi différents, ont été en particulier pour Jean Paulhan un constant sujet d'étonnenent. «Comme c'est curieux ton amitié pour Malraux ! Vous êtes si différents», lui a- t-il glissé plus d'une fois.

Nous voudrions dans cette étude nous pencher sur quelques unes des amitiés littéraires de Marcel Arland pour montrer que l'auteur de L'Ordre n'a pas été un homme de chapelle, prisonnier d'une quelconque idéologie, mais qu'il a incarné au sein de la N.R.F. l'image d'un humanisme souriant, mais jamais dupe.

Précisons d'abord le sens de cette expression d'amitié littéraire à laquelle nous consacrerons ce propos. Quand elle lie des écrivains, l'amitié littéraire dépasse l'ordre de l'affect, et revêt la forme d'une communion dans un même idéal moral et esthétique. Celui de Marcel Arland repose non seulement sur la rigueur et la lucidité, mais aussi sur l'expression des sentiments les plus profonds – la pratique d'une absolue sincérité – coulée dans la forme la plus épurée et par la même la plus poétique.

 

Lire la suite : télécharger l’article.

 © www.malraux.org

Première publication de l’article :

Moncef KHEMIRI : «Une amitié littéraire :Marcel Arland  et André Malraux», in Marcel Arland ou la grâce d'écrire, textes réunis par Bernard Alluin et Yves Baudelle, Editions universitaires de Dijon, 2004, p. 25-34.