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L'affaire Barrault. — «La République du Centre», 22 octobre 1968, n° 7020, p. G. «M. Malraux reproche à J.-L. Barrault d'avoir joué le mort en mai».

L'affaire Barrault.

La République du Centre, 22 octobre 1968, n° 7020, p. G.

«M. Malraux reproche à J.-L. Barrault d'avoir joué le mort en mai».

 

Paris, 21 octobre — «Le talent de M. Jean-Louis Barrault auquel la plus grande liberté artistique a été accordée depuis la création du Théâtre de France est hors de cause. Mais il a fait, notamment en mai, diverses déclarations qui sont manifestement incompatibles avec la qualité de directeur d'un Théâtre national.» C'est ce que répond, par la voie du Journal officiel, M. André Malraux, ministre des Affaires culturelles, à M. Roland Leroy, député communiste, qui l'avait interrogé par écrit sur la révocation de Jean-Louis Barrault.

C'est à trois phrases prononcées par l'artiste dans l'Odéon occupé en mai que fait allusion la réponse du ministre : «Devant l'ampleur de cette explosion de révolte, Barrault, en effet, ne présente aucun intérêt.» «Actuellement, le directeur du Théâtre de France, moralement, n'existe plus.» «Barrault est mort, il reste un homme vivant».

Jean-Louis Barrault avait donné aussi au Sunday Times, le 28 juillet dernier, une interview qu'il n'a jamais démentie et qui a été très remarquée à l'époque. Jean-Louis Barrault déclarait : «Depuis le 24 mai, Malraux a gardé un silence glacial. J'attends qu'il entame des négociations avec moi.» Un peu plus loin, il ajoutait : «Je pense que, bien que les étudiants les aient laissé entrer, la plupart des trublions étaient des agitateurs d'extrême-droite, du mouvement Occident ou d'autres similaires, envoyés par le gouvernement pour lui donner un motif de faire intervenir la police avec une bonne excuse.»

 

Jean-Louis Barrault à l'Elysée-Montmartre

A la veille de monter un nouveau spectacle «Rabelais» dans une nouvelle salle «L'Elysée-Montmartre», Jean-Louis Barrault, qui fut durant près de neuf ans directeur de l'Odéon-Théâtre de France, a déclaré au Figaro-Littéraire, à l'occasion de sa révocation par M. André Malraux, qu'il n'éprouvait «ni rancœur, ni ressentiment… chérir mes contemporains, voilà mon crédit», a-t-il ajouté.

Il a expliqué qu'une des raisons de son choix pour son spectacle d'ouverture c'est que «l'œuvre de Rabelais est une des plus fortes illustrations du credo dont je parlais tout à l'heure : Chéris ton prochain comme toi-même».

La première représentation aura lieu entre le 4 et le 10 décembre. Dans cette salle, connue jusqu'ici comme temple de la boxe et du catch, Jean-Louis Barrault sera entouré d'une trentaine de comédiens, chacun tenant plusieurs rôles et circulant autour du ring au milieu des spectateurs.

«Notre destin, a dit le célèbre acteur-metteur en scène, à Madeleine Renaud et à moi, c'est de recommencer notre vie tous les dix ans».

Il s'est déclaré plein de confiance dans la fidélité de son public qui l'a suivi du Théâtre Marigny (1946-1956) à l'Odéon en passant par le Théâtre Sarah-Bernhardt et le Palais Royal.

Il compte jouer «Rabelais» jusqu'au début de mars et partir le 15 pour une tournée au Japon.


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