«On a refusé beaucoup de monde au Palais des Sports où 7’000 personnes ont été entendre M. André Malraux», «Le Parisien libéré», 16 décembre 1965, p. 1 et 3. — Malraux : «Nous sommes aussi la gauche.», «La Nation», 15 décembre 1965, p. 1.

Gros succès, hier soir, au Palais des Sports où se tenait une grande réunion de la campagne électorale présidée par M. François Mauriac et dont le principal orateur était M. André Malraux, ministre d'Etat chargé des Affaires culturelles. La salle avait très tôt été prise d'assaut par un public fort dense.

Quelque 7.000 personnes réussissaient ainsi à assister au meeting, tandis que plusieurs milliers d'autres se pressaient à l'extérieur et stationnaient longuement avant de se résigner à quitter les abords du Palais des Sports.

André Malraux devait, on le sait, développer le thème : «Nous sommes aussi de la gauche», du haut de la haute tribune drapée de tricolore, sous un immense portrait du général de Gaulle. Très acclamé, le ministre d'Etat était entouré de nombreuses personnalités favorables au général de Gaulle. Devaient également prendre la parole : MM. Maurice Schumann, Jean-Marcel Jeanneney, anciens ministres, et Mme Germaine Tillon. En prélude aux discours, le public allait suivre en direct, la transmission de l'allocution télévisée du général de Gaulle.

— Le gouvernement qu'envisage M. Mitterrand est déjà compromis. Ses vingt-huit options ne forment plus une politique mais un catalogue d'intentions. Il n'est pas le successeur du général de Gaulle. Il est son prédécesseur. Il s'agit de choisir entre un homme de l'Histoire qui a assumé la France et que la France ne retrouvera pas demain, et les politiciens que l'on retrouve toujours, a déclaré M. André Malraux, qui devait dire encore :

«Le mot de gauche signifie heureusement autre chose que ceux qui s'en servent. Il signifie d'abord, évidemment, la Révolution française. A tel point qu'il ne serait pas déraisonnable de dire qu'un homme de droite c'est celui pour qui la Révolution signifie la guillotine et un homme de gauche celui pour qui elle signifie Fleurus.

«J'ai entendu le petit cantique de M. Mitterrand à son amour de la liberté. Ce poujadisme sentimental semblait bien mince en face d'un si grand héritage. Pour nous, la gauche, c'est la présence dans l'histoire de la générosité par laquelle la France a été la France pour le monde.»


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