Image of Pierre Hervé, «Malraux “Le réprouvé”», «Action», 21 avril 1948, p. 3.

Pierre Hervé, «Malraux “Le réprouvé”», «Action», 21 avril 1948, p. 3.

Fin de l’article :

Il appartenait à un Malraux de donner, en ces premiers mois de la libération, une couverture «gauche» à l'entreprise. Révolution, socialisme, anticapitalisme, comme ces mots sonnaient bien dans la bouche d'un «ancien d'Espagne» ! Comme tous les anticommunistes étaient heureux d'avoir un tel personnage à nous opposer.

Bien-pensants, hommes d'ordre, ces sortes d'aventures finissent mal ! Vos pareils d'Allemagne nous content maintenant sur le ton de l'indignation, les excès de ces hitlériens, auxquels ils donnèrent le pouvoir ! Malraux laisse percer dans toutes ses œuvres un goût du sang, de la violence et du meurtre (qui lui attirait, avant-guerre déjà, une certaine considération sympathique de la part des critiques réactionnaires influencés par le fascisme hitlérien). C'est même la recherche par ses «belles âmes» d'une sorte de frénésie de la violence désespérée qui marquait la frontière entre lui et nous.

Il n'écrit plus de romans. Il ne le peut plus. Mais sans doute veut-il encore une fois incarner un personnage de son imagination. Il n'a pu être un révolutionnaire. Deviendra-t-il, est-il déjà un de ces «réprouvés» qui finissent par perdre leur âme – c'est-à-dire par la trouver – dans les déchaînements du fascisme ?


Pour télécharger le texte entier.