Stella Corbin a laissé quelques notes concernant les rencontres et l’amitié qui ont lié son mari Henry et André Malraux. Présence d’André Malraux sur la Toile remercie chaleureusement M. le professeur Simon F. Oliai (UNESCO) et la Société des Amis d’Henry Corbin pour le document exceptionnel qu’elle peut ainsi proposer à ses lecteurs.
Stella Corbin : André Malraux – Henry Corbin, notes.
L'humour de Malraux consiste en son art de garder un certain recul. On ne sait jamais si la satisfaction de l'action accomplie n'est pas brusquement atténuée par le jugement sceptique qui déjà émerge de sa raison raisonnante.
Ce trait nous frappe de nouveau le jour où, à sa demande, Malraux vient nous voir avec Madeleine, une ?n d'après-midi, pour parler, avec Henry, d'Alamut, des Ismaéliens sur lesquels il désire écrire un livre, comme il avait rêvé bien des années auparavant que l'action de l'un de ses romans se déroulât à Ispahan : «l'une des trois plus belles villes du monde» (rapporté par Clara Malraux lors d'un dîner chez Iran Teymourtache). J'avais offert à Henry, à Istanbul en 1944, en partie à cause du titre, un bel exemplaire de La lutte pour l'Ange [sic]. Je montre à Malraux son livre imprimé en Suisse pendant la guerre en lui demandant s'il aurait l'obligeance de nous le dédicacer. Sans hésitation, avec gentillesse et comme heureux de palper ce rare exemplaire numéroté, il trace quelques lignes avec pour Henry «sa complicité ismaélienne», puis très vite sur son visage une ombre de malice, de scepticisme lorsqu'il souligne, ironique, la valeur que son paraphe apporte au livre.
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© Présence d’André Malraux sur la Toile et www.malraux.org, 2011.
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