Image of Guillaume Hanoteau : «Malraux frappe les trois coups», «Paris Match», n° 523, 18 avril 1959, p. 54-57.

Guillaume Hanoteau : «Malraux frappe les trois coups», «Paris Match», n° 523, 18 avril 1959, p. 54-57.

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La conférence de presse de la rue de Valois va répondre à toutes ces questions. Eh bien oui ! on reprochait à la maison de Molière d'avoir fait rire. On ravalait Labiche au rang de Létraz. Pour la première fois dans l'histoire de l'administration on proclamait que les recettes n'avaient point d'importance. C'était oublier que si un romancier peut être génial sans un lecteur, un comédien est toujours mauvais quand il joue devant des salles vides.

Rue de Valois, dans un extraordinaire désordre de gestes, André Malraux poursuit sa conférence. Sur son nez, ses lunettes sont désarçonnées. Emporté par le flot de ses idées, il ne s'en aperçoit pas.

Comme dans les discours de prix, les cancres sont tout d'abord blâmés, puis on passe aux lauriers. Section théâtre, après M. de Boisanger et Jean-Louis Barrault, Jean Vilar et Michel Saint-Denis, élève de Copeau, en reçoivent une brassée. Classe du chant et de la danse, c'est Julien, Lamy et Roland Petit qui sont les heureux lauréats.

Dans quelques mois que restera-t-il de ces grands bouleversements ? La Comédie-Française sera-t-elle devenue une maison sage, sans intrigues et soumise à son administrateur ? Ce serait dommage, car alors elle ne serait plus la Comédie-Française. Derrière son grand rideau cramoisi, il faut des intrigues, des complots, des crises de nerfs. Car il n'y a point de théâtre sans elles.

Racine, découvert par Molière et qui le trahit en passant dans l'autre clan, dans le clan de l'hôtel de Bourgogne, ne nous aurait pas démenti.

Les projets d'André Malraux, du moins, auront servi le théâtre puisque, pour quelques soirs, après Brigitte Bardot et Alain Delon, ils auront fait, auprès des postes de télévision, de Racine et de Labiche les vedettes des conversations.


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