«De Gaulle joue sa carte en Extrême-Orient. Malraux à Pékin pour rencontrer les dirigeants chinois. Le ministre nippon des Affaires étrangères est arrivé à Paris où il va s'entretenir avec le chef de l'Etat.», «La Nouvelle République», 20 juillet 1965, p. 1 et D.

«De Gaulle joue sa carte en Extrême-Orient. Malraux à Pékin pour rencontrer les dirigeants chinois. Le ministre nippon des Affaires étrangères est arrivé à Paris où il va s'entretenir avec le chef de l'Etat.», La Nouvelle République, 20 juillet 1965, p. 1 et D.

 

André Malraux, ministre d'Etat et l'un des plus proches collaborateurs du général de Gaulle, est arrivé hier [19 juillet 1965] à Pékin, où il aura des entretiens avec les dirigeants chinois, dont probablement le président Mao Tsé-toung.

Hier aussi M. Tetsusaburo Shiina, ministre des Affaires étrangères du Japon, est arrivé à Paris pour avoir des conversations avec le général de Gaulle et avec son collègue français, M. Couve de Murville.

Ce n'est là qu'une coïncidence, mais ces deux évènements marquent l'intérêt actif que prend la diplomatie française aux affaires d'Extrême-Orient.

La visite de M. Malraux à Pékin constituera le premier contact gouvernemental direct entre la France et la Chine depuis l'établissement des relations diplomatiques, le 27 janvier 1964. L'événement est spectaculaire, car M. Malraux n'est pas seulement le ministre français de la Culture. C'est l'auteur des Conquérants et de La Condition humaine qui a écrit avec pénétration et sympathie l'action des communistes chinois à une époque où ils étaient persécutés et où personne ou presque en Europe occidentale n'avait conscience de leur existence et de leur importance. Il n'est donc pas surprenant qu'il soit reçu avec honneur et éclat à Pékin, alors que la mission du Commonwealth et M. Harold Wilson n'y sont pas accueillis.

 

Peut-être le Vietnam

Depuis l'établissement des relations diplomatiques, les rapports franco-chinois se sont considérablement développés sur le plan économique (contrats importants pour la vente de biens d'équipement français, navires et camions notamment), et sur le plan culturel (échange d'étudiants). Mais, sur le plan politique, il n'y a guère eu que des contacts très épisodiques des ambassadeurs, M. Lucien Paye et M. Huang Chen, avec les ministères des Affaires étrangères de Pékin et de Paris.

Les entretiens de M. Malraux permettront sans doute de faire le point, notamment en ce qui concerne le Vietnam. Avant les bombardements américains du Vietnam-Nord, les diplomates chinois soulignaient leur approbation des thèses françaises de paix négociée sur la base de la neutralisation. M. Malraux pourra peut-être apprendre les intentions réelles des dirigeants de Pékin, et ce que recouvre le durcissement des prises de position publiques de la Chine.

 

Contacts suivis franco-japonais

Les entretiens à Paris de M. Shiina sont beaucoup moins spectaculaires, et ont même un certain caractère de routine : ce sera la troisième réunion de consultations politiques périodiques dont le principe a été décidé lors de la visite à Tokyo du ministre français des Affaires étrangères en avril 1963. Un an plus tard, le Premier ministre français, M. Georges Pompidou, faisait une visite officielle à Tokyo, et aujourd'hui, le ministre des Affaires étrangères japonais vient à Paris pour la première fois depuis la formation du nouveau gouvernement de M. Eisaku Sato. Sa visite a été précédée de peu par celle du ministre du Commerce extérieur, M. Takeo Miko, qui passe pour être le candidat le mieux placé pour succéder un jour à M. Sato à la tête du gouvernement japonais.

L'audience accordée par le général de Gaulle à M. Miko a permis déjà de préciser les points de vue respectifs sur les grands problèmes.

 

Information réciproque

La visite de M. Shiina sera l'occasion d'exposés plus détaillés, à l'échelon des ministres ou des hauts fonctionnaires, de la politique des deux pays sur tous les points du globe. Les Japonais s'intéressent par exemple aux problèmes du Marché commun ou à ceux d'Afrique, où la France a des antennes que le Japon n'a pas. Les Japonais, en revanche, passent pour être particulièrement bien informés sur ce qui se passe en Chine. Le Vietnam figurera naturellement parmi les sujets de discussion. De part et d'autre, on est inquiet des conséquences possibles de «l'escalade» mais le gouvernement japonais actuel hésite, semble-t-il, de se dissocier, tout au moins en public, des Etats-Unis.

Sur le plan économique, d'importantes négociations sont en cours. Il est possible que la question soit mentionnée, mais elle ne sera pas traitée à fond, car il s'agit essentiellement de consultations politiques. Celles-ci ont un caractère d'information réciproque. On n'en attend pas à Paris de résultats concrets, mais elles fourniront, pour la première fois, l'occasion de connaître le point de vue du nouveau gouvernement de M. Sato sur tous les problèmes de l'heure.


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