Image of François Lachaume : «Le bilan Malraux» et Bernard Frank : «C'est difficile de bien vieillir», «Adam», n° 9, avril 1967, p. 25-32.

François Lachaume : «Le bilan Malraux» et Bernard Frank : «C'est difficile de bien vieillir», «Adam», n° 9, avril 1967, p. 25-32.

François Lachaume : «Le bilan Malraux»

Neuf ans dans un bureau, c'est beaucoup pour un homme, surtout lorsque cet homme est André Malraux. Le moins «ministrable» des gaullistes a tenu bon contre vent et marée. Il s'est maintenu, mais a-t-il réellement agi ? En cette période post-électorale où on le donne de plus en plus pour démissionnaire, nous posons la question : «Qu'a-t-il fait de son pouvoir ?»

Au ministère des Affaires culturelles, rue Saint-Dominique, à Paris, il y a un mot que personne n'ose prononcer : celui de stabilité. Les responsables scrutent avec angoisse l'horizon post-électoral et croient y discerner des signes de mauvais augure : l'Académie française pour André Malraux, le prix Nobel pour André Malraux, la maladie d'André Malraux, la lassitude d'André Malraux.

A tout hasard, on joue à la loterie des dauphins, selon la mode du régime : on parie Mauriac, d'Astier ou Louis Joxe, comme d'autres Pompidou, Giscard ou Debré. On met de l'ordre dans les dossiers, non seulement pour préparer l'avenir, mais aussi pour tirer le bilan des neuf ans écoulés depuis 1959, quand Malraux, cédant l'Information à Jacques Soustelle, se voyait fabriquer un ministère sur mesure.

On sait l'homme exceptionnel, on connaît ses rapports avec le chef de l'Etat, et il y a quelques raisons de se demander si la fonction lui survivra. Cela dépend en partie, bien sûr, des résultats. Les 216 employés nouveaux qui hésitent à défaire leurs valises, les augmentations de salaires auxquelles ont été consacrés 6.400.000 F dans le nouveau budget (voté le 28 octobre dernier), sont rassurants – à moins qu'ils n'aient entretenu l'équivoque, dans cette période pré-électorale. «Peut-être faut-il une bonne fois convenir que l'une des formes du gaullisme consiste à offrir au pays un ministre prestigieux de la Culture, plutôt qu'un budget de la Culture», s'inquiétait le journaliste André Brincourt. De fait, ces nouveaux crédits de 1967 décollaient pour la première fois des alentours de 0,30% – soit une augmentation d'environ 0,01% : en augmentant un peu ce qui est presque rien, on n'obtient, avouons-le, pas grand-chose.


Télécharger les deux articles entiers.