Image of Art. 270, septembre 2021 • Henri Godard : préface aux « Oraisons funèbres »

Le discours des Glières (2 septembre 1973)

Art. 270, septembre 2021 • Henri Godard : préface aux « Oraisons funèbres »

Préface d'Henri Godard

à

André Malraux

 Oraisons funèbres

(La Compagnie typographique, 2021)

 

 

À la mémoire de Florence Malraux

Ces Oraisons funèbres ne sont pas un texte mineur. Ce n'est pas sans raison que Malraux avait décidé en 1971 de les réunir en recueil et de les publier en volume séparé, puis en 1976 d'y adjoindre deux nouveaux textes dans l'édition à valeur testamentaire de la Bibliothèque de la Pléiade. Elles sont contemporaines de la seconde partie du Miroir, La corde et les souris, et elles lui sont de mille manières apparentées. Formules, images, références, circulent librement entre les deux volumes. La pensée est la même, mais subtilement adaptée à chaque contexte. Circonstance oblige, il n'y a plus dans les Oraisons et, pour cause, trace de cet humour et de ce farfelu qui sont un des tons du Miroir des limbes. Mais pour le reste, si les formules passent d'un texte à l'autre, c'est que s'y expose une pensée qui a atteint à cette époque la pleine possession d'elle-même. Dès lors, pourquoi ce volume séparé ? Malraux ne l'avait pas fait pour ses grands discours politiques, nés eux aussi d'une semi-improvisation et de la sténographie à laquelle elle avait donné lieu ? Eux n'avaient été publiés que dans la presse, et n'ont été constitués en volume que par d'autres, de manière posthume. Il est vrai que, dans la plupart des textes rassemblés ici, la mort est à l'origine du discours et fait de celui-ci une oraison funèbre, collective pour ainsi dire quand elle n'est pas individuelle. Mais ce n'est pas vrai de tous, et surtout reste à comprendre pourquoi Malraux a choisi de publier l'ensemble sous ce titre à première vue provocateur, préempté en quelque sorte par un chef-d'œuvre de la prose française, les Oraisons funèbres de Bossuet.

 

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