Louis de Balasy : «André Malraux», «L'écho de la mode», 26 juillet 1959, n° 30, p. 39.

Il est aujourd'hui ministre d'Etat chargé des Affaires culturelles, et l'autorité qu'il prend de ce chef, il veut l'inscrire dans les décisions qui permettront d'enrichir la culture du plus grand nombre possible de Français. Mais si son œuvre de ministre s'ébauche seulement, sa vie d'homme et d'écrivain l'a classé depuis longtemps parmi ceux qui tranchent sur la commune mesure.

Les méandres de sa destinée peuvent dérouter, sa réserve interdit l'interview banale, ses préoccupations majeures s'accommodent mal de la broutille quotidienne. Il n'est ni hautain, ni dédaigneux, ni «esthète», mais il a un sens si vif, si plein du mystérieux destin de l'homme, qu'il semble voué à l'extrême solitude.

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Sa ligne de vie ? Né en novembre 1901 à Paris dans une famille aisée, il est attiré par l'Extrême-Orient dès la fin de ses études au lycée Condorcet. Après avoir étudié le sanscrit, il part à vingt-deux ans pour le Cambodge, chargé d'une mission archéologique. Il inspire alors une revue de propagande nationaliste indochinoise. En 1926, en Chine, il joue un rôle important dans la révolution. Puis il rentre en France. Il est de ceux qui dénoncent Hitler et, l'action étant chez lui la sœur de la pensée, il gagne l'Espagne dès l'ouverture de la guerre civile à laquelle il prend part du côté républicain. Durant la guerre 1939-1940, il appartient à un groupe blindé. Prisonnier il s'évade et, dès 1942, se trouve à la tête d'organisation de résistance. Après la Libération, il devient ministre de l'Information dans le gouvernement formé par le général de Gaulle. Quand celui-ci se retire, Malraux se consacre uniquement à ses activités politiques comme orateur du R.P.F. et à ses créations d'écrivain.

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