Image of Malraux et le Bangladesh — «L'Aurore», 19 septembre 1971, n° 8.413, p. 18.  Francis Schull : «L'écrivain vient d'offrir ses services aux rebelles bengalis – Malraux veut repartir en guerre».

Malraux et le Bangladesh — «L'Aurore», 19 septembre 1971, n° 8.413, p. 18. Francis Schull : «L'écrivain vient d'offrir ses services aux rebelles bengalis – Malraux veut repartir en guerre».

«Dites-le donc carrément : qu'est-ce que vous foutez avec les statues égyptiennes au lieu de vous occuper des Hongrois et des Algériens ? C'est ça ? Je m'en expliquerai un jour. Bientôt peut-être…»

C'était en 1957. A Budapest comme à Alger, on se battait.

L'année suivante, celui qui disait également : «Je suis en art comme d'autres sont en religion» allait se condamner pour un certain nombre d'années à ne s'occuper exclusivement que de statues égyptiennes, étrusques ou romaines. André Malraux acceptait le poste de ministre des Affaires culturelles. Il aurait préféré l'Algérie. Mais son admiration pour le général de Gaulle lui fit aisément oublier cette préférence.

Depuis, Malraux s'est longuement expliqué dans ses Antimémoires de cette préférence temporaire. Il vient de faire mieux que de tenir sa parole : à soixante-dix ans, il vient d'exhumer son uniforme de combattant et a offert aux séparatistes bengalis de servir sous leurs ordres à la tête d'une unité. La nouvelle a éclaté hier comme une bombe. Une bombinette, plutôt : Malraux nous a depuis longtemps habitués à ne pas trop nous étonner de ses prises de position passionnées.

Les faits remontent à une dizaine de jours. Malraux a écrit une lettre à un ambassadeur indien en poste à l'étranger dans laquelle il dit notamment :

«Je ne pense pas que les Bengalis soient un peuple non violent (…). Le Bengale oriental peut et doit être un pays de résistance (…). Je me refuse à faire des conférences sur le Bangladesh car elles serviraient seulement de base à des articles alors que le Pakistan ferait avancer ses chars (…). Les seuls intellectuels qui ont le droit de défendre par la parole les Bengalis sont ceux qui sont prêts à combattre pour eux.»


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