Peut-être le titre de la thèse présentée ici semblera-t-il suspect à certains. À le lire, on songe aux articles d'un certain nombre de critiques et de journalistes qui, au cours des dernières années de la vie de Malraux ou au lendemain de sa mort, ont émis des conjectures sur son rapport au christianisme ou qui l'ont même interrogé sur une éventuelle conversion au catholicisme. On pense aussi à une phrase peut-être apocryphe citée aujourd'hui par les personnalités les plus diverses et que Malraux a pourtant qualifiée de « prophétie […] ridicule » : « Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas »… On peut par conséquent se demander s'il n'est pas téméraire de rapprocher cet agnostique du christianisme, ne serait-ce que par le biais d'un titre.
De fait, l'ouvrage Malraux et le christianisme ne concerne pas (ou seulement de manière épisodique) le rapport personnel de l'homme Malraux à la foi, d'abord parce que ce thème a déjà fait l'objet d'un certain nombre de publications, ensuite parce que l'écrivain a toujours accordé plus d'importance aux œuvres qu'à la biographie des créateurs (fût-ce leur biographie spirituelle), enfin parce qu'il a lui-même assez insisté sur son agnosticisme pour que l'on prenne conscience de l'extrême intérêt que présente cette position fondée sur le sentiment de la relativité des religions. C'est au miroir du musée imaginaire où un bouddha khmer dialogue avec un saint gothique que Malraux a vu le christianisme et c'est en tant qu'agnostique qu'il a lu ou relu des textes chrétiens. Ce regard d'un écrivain agnostique sur la culture chrétienne est précisément l'objet de notre travail, qui s'articule autour de quatre axes : 1) la représentation de l'Église et du christianisme dans les essais de jeunesse, les romans et les textes d'inspiration autobiographique 2) l'art chrétien 3) Malraux et la « littérature chrétienne » 4) les « cicatrices » du christianisme.
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(Séminaire Malraux, 12 janvier 2009)
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