«Le Monde», 25 novembre 1976, n° 9902, p. 1, 12 et 13. – Jean Lacouture : «Dans le petit cimetière de Verrières-le-Buisson». – Alain Woodrow : «Dieu en creux : un agnostique avide de transcendance». – Claude Sarraute : «Rétrospective». – J. M. : «L'initiateur des Maisons de la culture».

Le Monde, 25 novembre 1976, n° 9902, p. 1, 12 et 13.

 

Les obsèques d'André Malraux ont eu lieu le mercredi 24 novembre 1976, à Verrières-le-Buisson (Essonne, où M. Raymond Barre, premier ministre, était venu au début de la matinée s'incliner devant la dépouille mortelle.

Un hommage national et officiel sera rendu à Paris. M. Jean-Philippe Lecat a indiqué, à l'issue du conseil des ministres de mercredi, que le premier ministre a été chargé de l'organisation de cette manifestation, qui aura lieu vraisemblablement le samedi 27 novembre. Le lieu et les modalités en seront rendus publics dans la journée du 25.

 

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Jean Lacouture

Dans le petit cimetière de Verrières-le-Buisson

Les membres de la famille et la plupart des personnes venues rendre un dernier hommage à André Malraux, mercredi 24 novembre, avaient quitté le petit cimetière de Verrières-le-Buisson (Essonne) quand les employés des pompes funèbres procédèrent à la descente dans le tombeau de la dépouille mortelle de l'écrivain. Un caveau nu sans pierre tombale. Il était 11 h. 45. Une porte métallique fut ensuite rabattue sur le cercueil en chêne sur lequel avait été fixée une plaque «André Malraux – 1901-1976». La dépouille de l'ancien ministre de la Culture sera prochainement transférée dans le parc de la propriété.

La cérémonie fut brève. Ni discours. Ni protocole. Une longue file de voitures accompagna jusqu'au cimetière le corbillard ocre. Le cercueil déposé sur des tréteaux fut recouvert d'une immense gerbe d'orchidées et de roses rouges. Devant, un gros cœur de roses et d'œillets blancs. Sur le côté, de nombreux bouquets, deux couronnes de l'ambassade du Bangladesh et de l'Association France-Bangladesh (le Bangladesh, l'un des derniers combats d'André Malraux) et une couronne de Lasserre dont il était un habitué.

Un petit tabouret recouvert de velours mauve fut placé devant la dépouille pour recueillir les roses et les œillets rouges déposés par ceux venus rendre un dernier hommage à l'écrivain. Après Mme Florence Resnais, sa fille, et les membres de la famille, des hommes politiques, des personnalités du monde des arts, des amis firent leurs adieux.

Emus ou recueillis, certains se signaient, d'autres marquaient un simple temps d'arrêt. Parmi eux deux membres du gouvernement venus à titre personnel, Mme Giroud et M. Bord, l'amiral Philippe de Gaulle, le général de Boissieu, gendre du général de Gaule, Mme Jeanne Moreau, M. Marc Chagall, Mme Ludmilla Tchérina, M. Jacques Chaban-Delmas et son épouse, MM. Michel Droit, Jacques Chazot, Claude Mauriac… Des habitants du village, des anonymes vinrent déposer une fleur au pied du cercueil. Le premier ministre M. Raymond Barre s'était rendu tôt dans la matinée à Verrières-le-Buisson.

Le caveau refermé, une minute de silence fut observée par l'assistance, qui se dispersa rapidement. La cérémonie a duré une demi-heure.


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