Image of Pierre Deméron : «Ce cynique, ce dandy, c'était Malraux», «Candide», n° 283, 26 septembre 1966, p. 39-41.

Pierre Deméron : «Ce cynique, ce dandy, c'était Malraux», «Candide», n° 283, 26 septembre 1966, p. 39-41.

Clara – qui a été sa femme pendant vingt ans – raconte les années folles d'un jeune homme ardent, sombre et génial qui disait : «J'aime à déplaire».

 

«S'il n'avait pas été cet homme-là, je n'aurais pas tenu le coup si longtemps. J'ai tout de même payé très cher le fait d'être sa compagne et de porter son nom : j'aimais beaucoup les miens, j'ai été rejetée par eux à la suite de notre équipée indochinoise qui m'a valu aussi de souffrir pendant 15 ans de paludisme; j'ai connu aussi les difficultés matérielles, et finalement je me suis retrouvée seule avec une petite fille fragile. Mais j'ai l'orgueil de vous dire que ça valait le coup».

Clara Malraux parle avec passion, avec humour aussi du héros du deuxième tome de ses mémoires intitulé Nos vingt ans[1], André Malraux. Car, bien qu'André Malraux lui ait dit un jour : «Mieux vaut être ma femme qu'un écrivain de deuxième ordre», Clara Malraux depuis 1947 n'est plus la femme de l'auteur de La Condition humaine et depuis 1945 ne cesse de publier.

Nos vingt ans c'est à la fois l'évocation des années vingt, des années folles, l'histoire d'un grand amour, la difficulté, pour une femme intelligente et sensible, de partager la vie d'un homme génial, un étonnant portrait d'André Malraux, jeune dandy, sombre, ardent et cynique qui proclame : «j'aime à déplaire» ou «je mens, mais mes mensonges deviennent des vérités». C'est aussi la promenade à travers l'Europe d'un jeune couple affamé d'idées et de frissons nouveaux qui voyage comme les héros de Paul Morand et vit comme les personnages de Cocteau au temps de l'art nègre, du dadaïsme et du surréalisme, une séduisante manière de vivre en allant «au bout de ses imaginations».

[1] Grasset.


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